Tu n’as pas nĂ©cessairement besoin de savoir ce qui cause la colère de ton enfant. Voici pourquoi.

Un article traduit de l’anglais par Soizic Le Gouais

Tu n’as pas besoin de savoir ce qui cause la colère de ton enfant

Les crises de colère sont des Ă©motions fortes qui sortent dans une grande explosion. Tous ces sentiments sont acceptables. Tous ces sentiments—tristesse, chagrin, frustration, colère, rage sont valables. Mais avec le temps, les petites blessures, les peurs et les inquiĂ©tudes peuvent s’accumuler. Et en tant que parent, je me demande souvent : “Mais Ă  quoi rime cette crise de colère ?” Pourtant, je trouve que chercher les causes des crises de colère ne fait que m’empĂŞcher d’être pleinement prĂ©sente avec mon enfant quand il est contrariĂ© ou bouleversĂ©. Je sais que si j’arrive Ă  mettre de cĂ´tĂ© mes jugements un peu durs ou mes attentes parfois dĂ©raisonnables, j’arrive alors Ă  mieux le guider Ă  travers ses sentiments difficiles.

Parfois, nous avons le sentiment que notre enfant a bien digéré une expérience difficile pour lui. Et pourtant, c’est au détour d’une crise de colère, en apparence sans rapport, qu’il va nous faire comprendre que ce n’était pas le cas.

Un matin, quand Julien avait environ 5 ans, il s’est réveillé du mauvais pied. Comme sorti de nulle part, il m’a posé des questions sur une sorte de goûter aux fruits que je lui avais déjà acheté une fois.

Une seule fois.

Et il y a des mois.

Garder une voix chaleureuse et accueillante aide.

Alors que je m’étirais et me réveillais, il a continué à me poser des questions sur ce goûter. Il m’a fallu quelques minutes pour comprendre qu’une sacrée colère se préparait. Je ne lui avais pas acheté ce goûter aux fruits et il le voulait !

“Aaaaaah, mais je sais de quels goĂ»ters aux fruits tu parles ; c’est ceux qui sont tordus ?”

“Oui, les rouges tordus! J’en veux un MAINTENANT! Tu dois aller m’en chercher !”, m’a-t’il dit d’un ton remontĂ© et grincheux.

“Non”, ai-je rĂ©pondu, en gardant ma voix douce et basse, sans relever son impolitesse. “Je ne vais pas aller en chercher.”

“SIIIIII ! JE VEUX CES GOĂ›TERS AUX FRUITS ! JE LES VEUX MAINTENANT!”

“Non”, ai-je rĂ©pĂ©tĂ©, d’une voix ferme et douce. “On ne va pas en manger maintenant.”

Pas besoin de faire honte à son enfant ou de se mettre en colère quand on utilise cette approche.

What to do if your child won't staylistenIl a soudainement explosĂ© de colère. Il se tortillait sur le lit, essayant de me donner des coups de pieds en grognant de rage. J’ai mis un oreiller entre nous et lui ai dit que je devais protĂ©ger mon corps de ses coups de pied. Il a pleurĂ© et gĂ©mi et a continuĂ© Ă  donner des coups de pied. Je me suis tenue Ă  l’écart de ses coups et je ne lui ai fait aucune remarque. J’ai observĂ© son corps et sa respiration et j’ai fait en sorte qu’aucun de nous deux ne se fasse mal.

Je ne lui ai pas fait honte pour avoir perdu le contrĂ´le. Je ne me suis pas Ă©nervĂ©e qu’il fasse une demande complètement dĂ©raisonnable Ă  6h30 du matin ou qu’il panique parce que je lui ai dit non. Mon mantra Ă©tait : il a de grands sentiments et ils seront finis quand ils seront finis. J’ai imaginĂ© Ă  quel point il avait dĂ» se sentir impuissant dans le fauteuil du dentiste plus tĂ´t cette semaine-lĂ . Après le rendez-vous, il avait dit que cela “avait fait plus qu’un peu mal”, mais n’avait pas versĂ© de larmes. J’ai portĂ© mon attention lĂ  oĂą il devait en avoir besoin. Après quelques minutes de pleurs, de tremblements et de transpiration, je lui ai dit:

“Tu veux venir sur mes genoux pour un câlin ?”

“Oui”, m’a-t-il rĂ©pondu en rampant jusqu’à moi.

Il est venu sur mes genoux et a pleuré fort pendant quelques minutes de plus. Puis il s’est crispé et m’a demandé à nouveau le goûter aux fruits. Après que je lui ai dit non, il a recommencé à se débattre.

DĂ©bloquer la situation en proposant un Jeu-Ă©coute

“Je te propose quelque chose”, lui ai-je dit quelques minutes plus tard. “Tu as l’air vraiment en colère. Si on allait dans l’autre pièce et qu’on jouait avec la couverture ?”

Il a accepté et nous avons traversé le couloir ensemble.

“Alors : je vais t’enrouler dans cette couverture et toi, tu dois te frayer un chemin pour sortir. Ce sera comme si tu Ă©tais un ver de terre.” Il a acceptĂ© et je l’ai enroulĂ© dans la couverture, confortablement et en toute sĂ©curitĂ©. Il a grognĂ©, s’est battu et a finalement levĂ© ses bras et s’est tortillĂ© avec bonheur jusqu’à la sortie.

“Tu as rĂ©ussi !”, j’ai criĂ©.

Il l’a fait trois fois, puis il a voulu que j’essaie. J’ai prétendu que c’était vraiment difficile de sortir et je lui ai demandé de m’aider. Quand je suis finalement sortie, j’ai fait comme si j’étais tellement fatiguée que je pouvais à peine bouger.

“Tu veux le refaire encore une fois?”, ai-je demandĂ©. Il a acceptĂ©. Après cela, j’ai proposĂ© de descendre prendre le petit dĂ©jeuner et nous prĂ©parer pour l’école. Il m’a suivie sans la moindre rĂ©sistance.

Non, Ă©couter et jouer avec son enfant ne veut pas dire qu’on a “cĂ©dĂ©”.

Cette approche vis-à-vis de la colère peut sembler laxiste et, permettre des coups de pieds, des cris et des explosions d’émotions demande de l’énergie. Mais voici le résultat—après coup, mon enfant s’est senti calme, centré et prêt pour sa journée.

Cela nous a pris tout au plus une vingtaine de minutes et le sujet du goûter aux fruits a ensuite complètement disparu.

Ce n’était pas important que je comprenne que sa colère était peut-être due à la visite chez le dentiste ou pas. Bien sûr, se faire soigner une carie n’est pas drôle et c’était peut-être la cause. Mais ce qui était essentiel, c’était de rester présente et calme pendant qu’il traversait sa crise.

Quand une colère explose, l’essentiel est de se rendre prĂ©sent pour notre enfant le plus rapidement possible. Si la raison de la colère est Ă©vidente : tant mieux. Si on n’arrive pas Ă  comprendre ce qui l’a dĂ©clenchĂ©e, peu importe. Avant tout, c’est de notre attention sur le moment prĂ©sent dont a besoin notre enfant,  afin de l’aider Ă  traverser ce moment difficile.

Je pense que c’est ma façon d’être prĂ©sente pour mon fils, qui lui a permis d’aller de l’avant, en sachant que ses sentiments et leur expression Ă©taient acceptĂ©s par les adultes autour de lui. Il s’est alors senti Ă  nouveau acceptĂ© et apaisĂ©.

Mission accomplie pour moi en tant que maman, jusqu’à la prochaine crise !

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